pondelok 13. októbra 2014

Celine Dion "Lettre de George Sand à Alfred de Musset" (D'elles Special TVA 2007 )

Lettre de George Sand à Alfred de Musset

Venise, 12 mai 1834

Non, mon enfant chéri, ces trois lettres ne sont pas le dernier serrement de main de l'amante qui te quitte, c'est l'embrassement du frère qui te reste. Ce sentiment-là est trop beau, trop pur, et trop doux, pour que j'éprouve jamais le besoin d'en finir avec lui. Que mon souvenir n'empoisonne aucune des jouissances de ta vie, mais ne laisse pas ces jouissances détruire et mépriser mon souvenir. Sois heureux, sois aimé. Comment ne le serais-tu pas ? Mais garde-moi dans un petit coin secret de ton coeur, et descends-y dans tes jours de tristesse pour y trouver une consolation, ou un encouragement. 

Aime donc, mon Alfred, aime pour tout de bon.
Aime une femme jeune, belle, et qui n'ait pas encore aimé, 
Ménage-la, et ne la fais pas souffrir.
Le coeur d'une femme est une chose si délicate 
Quand ce n'est pas un glaçon ou une pierre ! 
Je crois qu'il n'y a guère de milieu 
Et il n'y en a pas non plus 
Dans ta manière d'aimer.
Ton âme est faite pour aimer ardemment,
Ou pour se dessécher tout à fait.

Tu l'as dit cent fois, et tu as eu beau t'en dédire
Rien, rien n'a effacé cette sentence-là, 
Il n'y a au monde que l'amour 
Qui soit quelque chose.

Peut-être m'as-tu aimée avec peine,
Pour aimer une autre avec abandon. 
Peut-être celle qui viendra t'aimera-t-elle moins que moi, 
Et peut-être sera-t-elle plus heureuse 
Et plus aimée.

Peut-être ton dernier amour sera-t-il le plus romanesque et le plus jeune.
Mais ton coeur, mais ton bon coeur, ne le tue pas, je t'en prie.
Qu'il se mette tout entier 
Dans toutes les amours de ta vie, 
afin qu'un jour tu puisses regarder en arrière 
Et dire comme moi, j'ai souffert souvent,
Je me suis trompé quelquefois 
Mais j'ai aimé.

-- 
(George Sand / Erick Benzi)

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